La vie de la princesse Alyestère n'était pas drôle. Elle vivait dans un château en ruine, son père le roi ne faisait que grogner et marcher de long en large dans le palais, sa mère la reine ne faisait que gémir sous sa couette et murmurer : « N'oublie pas que tu es une princesse ! » Heureusement, un jour, la famille royale dut déménager et s'installer dans un appartement moderne situé dans une tour en béton avec des murs en carton pour écouter les voisins. Alyestère découvrit alors une chose inimaginable : tous les autres enfants se rendaient tous les jours dans une grande maison en ciment gardée par une grille. Alyestère voulut y aller elle aussi, mais ce n'était pas si facile.
Un joker pour rester au lit. Un joker pour être en retard à l'école. Un joker pour ne pas faire ses devoirs. Etc. Non, ce n'est pas une liste de réclamations écrite par un élève paresseux. C'est comme ça que ça se passe dans la classe d'Hubert Noël. Et ne croyez pas non plus qu'Hubert soit un instituteur paresseux. Au contraire...
Ernest a dix ans. Dix ans de vide : sa mère est morte le jour de sa naissance et son père a disparu. Dix ans d'ennui : sa vie avec sa grand-mère, prénommée Précieuse, n'a rien de très exaltant : école, goûter, devoirs, soupe. Pas de téléphone, pas de télévision. Seule distraction : une mystérieuse lettre que le grand-père d'Ernest avait envoyée du front pendant la guerre, une lettre indéchiffrable. Ernest est bon élève, solitaire et taciturne, pour ne pas dire muet. Jusqu'au jour où Victoire de Montardent arrive dans sa classe et jette son dévolu sur lui. Car Ernest est beau, ce que les autres filles de la classe avaient déjà remarqué...